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vendredi 10 mai 2024

Un quatre-quarts féministe à Portées-Portraits

Résistance et inclusion.

Faim de littérature féministe et engagée? La dernière soirée de la saison du cycle Portées-Portraits est pour vous. Ces soirées littéraires de lectures accompagnées de musiques. La Compagnie Albertine s'est coupée en quatre afin de concocter un quatre-quarts à l'intention de son public. Ingrédients: résistance et inclusion dans une littérature sans langue de bois. Une belle manière de clôturer une année entamée avec Marie Darah (lire ici).

Le menu du soir sera décliné ce lundi 13 mai à la Maison Autrique par quatre comédiennes qui liront des extraits de quatre auteures en quatre lieux de la célèbre habitation. Le dernier quart aura lieu en amont de la lecture: un atelier d'écriture à 19 heures, sur le thème du courage et de la résistance, mené par Geneviève Damas.

Après cette entrée, à 20h15, les plats de résistance en menu dégustation, mis en voix par Geneviève Damas et Sandrine Bonjean, accompagnés par la DJ Voodoomama. Coupé en quatre, le public ira d'une pièce à l'autre entendre les lectures qui seront donc répétées quatre fois par les comédiennes Réhab Mehal, Melissa Diarra, Geneviève Damas et Sandrine Bonjean. Il entendra des extraits de "King Kong Théorie" de Virginie Despentes (Le Livre de poche), la nouvelle "Ma mère, cette sorcière" du recueil "Promenons-nous dans les bois" de Margaret Atwood (traduit de l'anglais par Michèle Albaret-Maatsch et Isabelle-D Philippe, Pavillons), "La petite dernière" de Fatima Daas (Le livre de poche) et "Americanah" de Chimamanda Ngozi Adichie (traduit de l'anglais par Anne Damour, Folio).
 




A l'issue des lectures, un verre sera offert et la piste de danse ouverte!


Pratique
Où? Maison Autrique, chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles.
Quand? Le lundi 13 juin.
A quelle heure? Les lectures-spectacles commencent à 20h15. Elle sont précédées d'un atelier d'écriture avec Geneviève Damas à 19 heures.
Durée? 1 heure.
Combien? 9 euros (possibilité de visiter toute la maison et un verre offert), 6 euros pour les étudiants et les artistes, 1,25 euros pour les articles 27.
Réservation indispensable pour l'atelier et pour les lectures par mail à reservations.compagniealbertine@gmail.com

mercredi 8 mai 2024

Mawda, on ne peut pas t'oublier

Le lieu du drame. (c) La Boîte à Bulles.
 
Hasard du calendrier, deux livres d'auteurs belges de facture totalement différente concernant le même sujet belge sortent simultanément en ce début d'année dans deux maisons d'édition françaises. Deux ouvrages de très grande qualité, entamés chacun en 2019, et qui se complètent.
 
"Mawda, autopsie d'un crime d'État" (La Boîte à Bulles, 192 pages), bande dessinée du dessinateur engagé Manu Scordia, par ailleurs animateur pour enfants, évoque le tragique destin d'une enfant et l'attitude de l'État belge.

"Mawda v. Medusa, donner un visage à la criminalisation des migrants en Europe" (Le Bord de l'eau, collection "L'atelier du chercheur", 192 pages) est un essai de "philologie politique" où la philosophe Sophie Klimis analyse scrupuleusement et commente sans langue de bois tout ce qui touche à l'affaire Mawda.


 

 
"Mawda".
Il suffit de prononcer son prénom pour la voir, bob enfoncé sur la tête, yeux rieurs et doigts devant la bouche. Même six ans après sa mort. Le matin du jeudi 17 mai 2018, la Belgique s'éveillait comme d'habitude. Sans savoir que ce jour serait à jamais teinté de noir: durant la nuit, près de Mons, une fillette de deux ans a été tuée par la police belge. Mawda était Kurde et sans papiers. Elle, son frère, leurs parents et d'autres migrants avaient pris place dans une camionnette pour tenter de rallier l'Angleterre. Vu le décès de Mawda, la famille Shamden-Phrast a modifié ses plans. Elle a finalement obtenu sa régularisation en Belgique. Afin de pouvoir se recueillir au cimetière d'Evere où repose la petite. Aujourd'hui, Ali et Amir, les parents de Mawda, et leurs deux fils – un bébé est né en Belgique après le drame – souhaitent tourner la page et aller de l'avant. Après ce qu'ils ont enduré, comme on les comprend.
 
Par contre, tout démocrate se doit de savoir ce qui s'est passé en cette nuit du 17 mai. La traque organisée, qualifiée de "course-poursuite" police-migrants dans la presse, est le drame qui dénoncera de trop nombreuses lacunes à tous les niveaux, révélées au fil des jours et des mois par l'avocate Selma Benkhelifa et le journaliste Michel Bouffioux. En vrac. Une mère empêchée d'accompagner sa fillette mourante dans l'ambulance. Une vingtaine de migrants dont le chauffeur de la camionnette braqués par la police, arrêtés, mis en garde à vue puis relâchés avec un ordre de quitter le territoire. Une famille restée plusieurs jours avec ses vêtements tachés du sang de Mawda. Ce jour-là, des policiers ont pu mentir, le parquet les couvrir, raconter n'importe quoi: enfant-bouclier, enfant-bélier, enfant jetée d'une voiture en marche, balles multiples, tir d'origine inconnue…
 
Le jeudi 17 mai 2018 et les jours suivants, les médias ont failli à leur devoir d'informer. Immédiatement, la société civile de Belgique s'est levée, s'est rassemblée, s'est insurgée pour dire non. Pour interroger, questionner, détricoter les imbécillités officielles. Elle a manifesté. Elle a partagé l'information principale: "Mawda a été tuée par une balle policière dans le cadre des opérations Medusa". Elle a organisé des funérailles dignes pour la petite fille. Elle a soutenu les parents endeuillés et leur petit garçon de quatre ans traumatisé.
 
L'"affaire Mawda" a été le lamentable révélateur des failles de l'État de droit et des discrètes campagnes anti-migrants. On a pu prendre connaissance de ce qui s'est réellement passé cette nuit grâce à la formidable et minutieuse contre-enquête du journaliste Michel Bouffioux, écœuré par les mensonges officiels. Elle a été publiée sur le site belge de "Paris-Match" et dans le livre "Deux ans et l'éternité" (Ker éditions), introduite par une fiction de Vincent Engel (lire ici). Elle a été portée par la magnifique pièce de théâtre de Marie-Aurore d'Awans et Pauline Beugnies "Mawda, ça veut dire tendresse". Mais ce drame accablant ne fait toujours pas l'objet d'une commission parlementaire, faute de signatures suffisantes. Par contre, le procès en appel s'est achevé en novembre 2021, condamnant le policier qui a tiré à dix mois de prison avec sursis et levant son amende de 400 euros, le présumé chauffeur écopant, lui, de quatre ans de prison ferme. Toutefois, assigné par l'ONG DEI (Défense des enfants international), l'État belge n'a pas été débouté. Maigre victoire, il sera condamné en février 2023 à payer un euro symbolique et à modifier légèrement la formation des policiers.
 
 

Une société raciste et malade

 

Le récit graphique de Manu Scordia est basé sur les témoignages des parents de Mawda, ceux de proches de l'affaire et la contre-enquête de Michel Bouffioux. Il donne toutefois une dimension littéraire aux différents éléments de l'affaire. Allers-retours dans le temps, couleur différente quand Mawda s'exprime à la première personne, cases vides et gaufrier éclaté, choix de mise en page, interventions de l'auteur-illustrateur, le procédé n'est jamais mièvre ou gratuit. "Mawda, autopsie d'un crime d’État" s'ouvre sur les mots que la maman de Mawda a prononcés au procès à Mons, le 24 novembre 2020, dessinés dans leur contexte historique. "Cela fait précisément 2 ans, 6 mois, 8 jours et 8 heures que c'est arrivé (...)". On voit la nuit, les arbres de l'aire autoroutière, les policiers, l'ambulance, le drame, un premier article de presse. L'album se terminera sur les mots d'amour de Mawda aux siens lors de la traque qui lui sera fatale.
 
Les mots de la maman de Mawda.
(c) La Boîte à Bulles.

En chapitres successifs, Manu Scordia compose le parcours de ce jeune couple originaire du Kurdistan irakien. D'abord leur histoire, mariage refusé, fuite du pays, naissance de leurs deux enfants, parcours migratoire entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne, rêves et déceptions, arrivée à Grande-Synthe (France) en mars 2018. Ensuite, leur séjour dans le camp soutenu par le Refugee Women's Centre britannique et les tentatives de passer en Angleterre dont celle de la nuit fatidique. Passée une page noire, le drame surgit en une seule grande illustration présentant Mawda: "Il y avait une fontaine de sang". Ses parents expliquent les heures terribles, horribles, du drame. En face, d'autres articles de presse relatant des informations non vérifiées. En contrepoint, les réactions au gymnase de Grande-Synthe.
 

Manu Scordia entremêle les voix et les moments.
(c) La Boîte à Bulles.

L'auteur a rencontré le journaliste Michel Bouffioux.
(c) La Boîte à Bulles.
Après une page blanche cette fois, l'auteur évoque sa rencontre avec le journaliste Michel Bouffioux. Il rappelle combien la minutieuse enquête de ce dernier a pointé les incohérences de l'enquête, a débusqué les mensonges officiels, a rétabli les vérités, a pointé l'inhumanité de la Belgique officielle et l'humanité de la Belgique non officielle. L'avocate Selma Benkhelifa, défenderesse de la famille, a immédiatement placé l'affaire Mawda sur ses vrais terrains, celui de la politique avec les opérations Medusa, celui du racisme d'État. Manu Scordia retrace aussi la vie des parents de Mawda après la mort de leur fille. Comment survivre dans tant de détresse? Comment résister aux reconstitutions des événements? Comment s'exprimer quand le traducteur du sorani s'exprime en néerlandais et que le régime linguistique est francophone? Comment entendre le policier qui "n'avait pas d'autre choix que de tirer"?
 
 
Affirmations policières. (c) La Boîte à Bulles.

Les chapitres suivants dépeignent le procès fin novembre 2020, en temps de masques à cause du Covid, si douloureux par la répétition des mensonges policiers, les manquements et les ratés de l'enquête, les contacts avec le comité P et cette satisfaction d'une "opération bien menée", la plaidoirie de l'avocat du policier tireur, etc., etc. Par son récit graphique très dense et fort bien construit, porté par un efficace dessin réaliste et complété de notes informatives en finale, Manu Scordia démontre magistralement combien l'affaire Mawda est accablante pour l'État belge. On est soufflé de ce qu'on y découvre, petite pointe d'un iceberg nommé racisme.

Mawda, par Manu Scordia. (c) La Boîte à Bulles.

 

Criminaliser les migrants


Philosophe issue de l'immigration (le livre est, entre autres, dédié à ses grands-parents, dont les uns s'exilèrent de Grèce pour fuir la misère et les autres durent fuir l'Ukraine et la Géorgie suite à la Révolution bolchévique), Sophie Klimis dit avoir été sensibilisée à la cause des migrants en 2009, lorsque Saint-Louis, l'université bruxelloise où elle travaille, a été occupée durant neuf mois par une soixantaine de personnes "sans-papiers" qui feront finalement une grève de la faim au finish pour exiger des critères clairs de régularisation. Lors de cette "vie commune", elle a écouté les histoires de vie des personnes. Elle a notamment été marquée par la rencontre d'un jeune homme arrivé en Belgique après avoir fait des milliers de kilomètres accroché sous un camion. Elle dénonce l'hypocrisie entourant les "sans-papiers" car elle sait évidemment que le secteur du bâtiment par exemple les utilise à vingt euros la journée de dix heures, sans aucune protection sociale ou même physique.
 
Celle dont le domaine de recherche est l'antiquité grecque en a perçu des échos dans ce qu'on a appelé l'affaire Mawda, notamment dans la dimension émotionnelle de la politique. Elle analyse: "Dans l'"Antigone" de Sophocle, c'est un élan, une pulsion ("orgè"), qui est représentée comme étant à la racine de la loi. On peut penser à l'indignation qui peut mener des citoyens à contester une loi jusqu'à la faire abroger, s'ils la trouvent injuste. Or, face à l'affaire Mawda a d'abord surgi une émotivité inverse, inversement proportionnelle au drame: les parents de Mawda ont été rendus responsables du drame, les victimes transformées en bourreaux! Le sens commun est malade aujourd'hui. On préfère de fausses vérités en ignorant tout des contextes."
 
Pour Sophie Klimis, ce livre de réflexion se veut une prise de température de l'opinion publique. "J'ai voulu retrouver le pouvoir de captation des mots. Montrer la dissociation entre le dire et le faire. On dit pourchasser les passeurs mais on ne fait rien contre les véritables réseaux mafieux et on criminalise toutes les personnes migrantes. Quid aussi des réfugiés climatiques, des réfugiés pour échapper à un crime d'honneur, des réfugiés économiques? Les gens viennent ici pour survivre. Ce qu'on leur fait subir sans discernement est très inquiétant."
 
Dès la page "Avertissement", l'auteure pose les questions nécessaires. Pourquoi la solidarité européenne unanime envers les réfugiés ukrainiens et l'octroi de l'asile immédiat et pas pour ceux qui viennent par exemple de Syrie et sont qualifiés de migrants avec en corollaire l'épineux parcours administratif organisé par la Belgique? Ou désorganisé: 27 842 dossiers (33 913 personnes) en attente au CGRA en mars 2024, dont un arriéré de 21 342 dossiers.

Des questions qui dérangent, la chercheuse va en poser tout au long des pages, confrontant les couvertures médiatiques et les réactions du public lors de divers événements. Oui à l'incendie de Notre-Dame, très peu à la mort de Mawda, banalisée par la suspicion qui lui a été tout de suite accolée. Un sujet auquel elle s'est intéressée dès la parution du deuxième article du "Soir", avançant l'hypothèse de l'enfant-bouclier. Hypothèse aussitôt reprise par Bart De Wever (président de la N-VA et bourgmestre d'Anvers) qui brandit la faute des parents, comme, à son grand effroi, de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux. "Cette affaire n'a pas eu l'ampleur qu'elle aurait dû avoir. Comment le sort d'une petite fille n'émeut-il pas plus? Pourquoi cette apathie?"

Dans "Mawda v. Medusa", elle interroge cette indifférence générale. Certes, elle fait un pas de côté par rapport à ses "antiquités" mais pas tant que ça. La Grèce ancienne apparaît régulièrement en éclairage de notre présent. Dans un langage clair et accessible, en posant les faits et en détaillant le plan Medusa, l'auteure questionne la démocratie directe. Elle interroge la place de la justice en Belgique. Rappelant qu'une loi de 2014 rend le judiciaire dépendant de l'exécutif, elle se demande ce qu'il en est de l'État de droit et de la séparation des pouvoirs. "Le rôle du philosophe est d'accompagner la réalité sociale en l'élucidant, de l'analyser pour la rendre compréhensible."

Elle n'est pas la première. Elle souligne que, dans "La République", Platon considérait de manière critique la construction de la situation démocratique athénienne de son temps à plusieurs niveaux. Aristote le Métèque faisait des enquêtes sur toutes les constitutions des cités de son temps afin d'élaborer des questions politiques réfléchies. Marx s'est aussi basé sur des enquêtes pour écrire "Le capital".

Pour Sophie Klimis, la philosophie politique, de nos jours, est souvent prise entre deux écueils : soit c'est une sorte de métaphysique cachée, soit elle se dissout dans les sciences sociales comme la sociologie. L'auteure revendique quant à elle une philosophie politique qui parviendrait à cerner la forme générale d'un événement en se basant sur l'étude de ses détails. D'où l'importance de la mise en œuvre de la méthode qu'elle qualifie de "philologie politique". C'est ainsi qu'elle analyse les traits généraux du cas Mawda, dans le sillage croisé des travaux de Hannah Arendt et de Cornelius Castoriadis, pour rendre pensable l'impensable.

Extrêmement riche car il scrute de près tous les mots en lien avec l'affaire Mawda, l'essai applique superbement son sous-titre. Il donne un visage à la criminalisation des migrants en Europe. Il nous l'explique noir sur blanc. Il ne s'agit plus de déclarations sur des "migrants"», des "transmigrants", des "trafiquants", mais d'une famille prise dans les rets d'une politique appliquée sans discernement, par racisme et soin électoraliste. Sophie Klimis fait ainsi remarquer qu'on contourne la question des véritables responsabilités politiques, lorsqu'on parle du destin tragique, ou horrible, de Mawda plutôt qu'on ne nomme l'homicide de la petite.

Le premier chapitre, "Dire l'affaire Mawda", analyse scrupuleusement les discours de la presse, "Le Soir" et la RTBF principalement, "La Meuse" et "Le Peuple" accessoirement, et les confronte à la contre-enquête de Michel Bouffioux qui, soit dit en passant, n'a été mise en cause par personne. C'est éclairant et sidérant. Viennent ensuite l'analyse des paroles des magistrats, leurs contradictions, leurs oublis, leurs failles, souvent mises en lumière par l'avocate Selma Benkhelifa, défendant la famille de Mawda. Si on n'était pas dans une affaire réelle, on s'amuserait du rapport du comité P de la police consacré à cet "incident de tir" qui évite durant cinquante-neuf pages les mots "Mawda", "enfant", "fillette", "mort". Là aussi, Michel Bouffioux apporte des informations. C'est éclairant et sidérant. Les choses sont tellement exceptionnelles, au sens négatif du terme, que les onze recteurs des universités belges, soit tous, ce qui ne s'était jamais produit, feront part de leurs préoccupations au Premier ministre de l'époque. La réponse ne viendra pas de Charles Michel (MR) mais de Theo Francken (N-VA), alors secrétaire d'État à l'asile et à la migration. Et l'auteure de rappeler que la matière étant fédérale, la politique mise en place lie tout le gouvernement. C'est éclairant et sidérant. D'autres mots viendront encore de l'université comme la fiction de Vincent Engel évoquée plus haut (lire ici).

L'autre important chapitre, "Instruire le cas Mawda", examine le procès à Mons, les 23 et 24 novembre 2020 ainsi que son verdict, prononcé le 12 février 2021, dont le simple énoncé suscite déjà des questions. Vraiment, un "homicide involontaire"? C'est éclairant et sidérant. Dans ce second chapitre qui est une montée en généralité où elle passe de"l'affaire" au "cas", Sophie Klimis pointe combien le cas Mawda a aussi été instruit dans la société. Les débats de la Zin TV, les démarches artistiques, les collectifs citoyens "Justice et vérité pour Mawda" ainsi que "#Justice4Mawda", autant de voix qui se sont fait entendre, constituant "l'élan-Mawda".

Après avoir donné son journal détaillant le procès avec la même rigueur, l'auteure entreprend en tant que philosophe de déconstruire "l'effet-Medusa". Soit, ce que les mises en scènes et les discours officiels ont habilement masqué, travaillé à rendre "impensable", des périls pour la démocratie dont le citoyen ne se rend guère compte. Comment l'espace public a été transformé par le tir policier en zone de non-droit, comment les instances politiques belges ont pu établir les plans Medusa, comment les mythologies grecque et romaine ont été réappropriées pour nommer des opérations de traque aux migrants, en Belgique mais aussi par Frontex, aux frontières de l'Europe. C'est éclairant et sidérant. "Mawda v. Medusa" présente encore la menace pour notre humanité que représente l'anesthésie de l'empathie et de l'esprit critique, à l'opposé de l'élan vital que sont l'indignation et la colère. L'antique "orgè" qui a pris place lors de la marche blanche lors des funérailles de la petite Kurde. Pour peu qu'on veuille s'y intéresser, et c'est essentiel, le cas-Mawda est le miroir de ce que la Belgique est devenue.




vendredi 26 avril 2024

La fête de la librairie ce samedi 27 avril

 
On le sait, la date officielle de la fête de la librairie et du droit d'auteur, la Sant Jordi, est le 23 avril. Journée mondiale du livre aussi, célébrée à la date dite (lire ici). La fête, elle, est déplacée à un samedi proche, soit, cette année, le samedi 27 avril. Demain
 
Ce samedi 27 avril 2024, en parallèle à plus de six cents librairies en France et en Suisse, les librairies indépendantes en Belgique francophone feront la fête aux auteurs, aux livres et à elles-mêmes. Elles qui tiennent à leur indépendance et méritent à ce titre tout le soutien du public. Pour marquer l'évènement, elles offriront, comme le veut la tradition, un livre et une fleur à leurs clients du jour. Afin de célébrer l'amour des mots, des illustrations, de la beauté.

Le livre créé pour la vingt-sixième édition, édité par l'association française Verbes en collaboration avec Gallimard, met à l'honneur la littérature jeunesse, la poésie et les bestiaires en littérature. Imprimé tête-bêche et tiré à 25.000 exemplaires, il comprend vingt poèmes de Jacques Roubaud, issus de ses recueils "Les animaux de personne" et "Les animaux de tout le monde" (Seghers), chacun étant illustré par le peintre Edi Dubien.
 
Un "beau livre" à l'écriture joyeuse, facétieuse, drôle et pleine de jeux de langage qui se prolonge idéalement dans les superbes illustrations. Un "beau livre" pour les enfants comme pour les plus grands. Quand la comédienne et écrivaine membre de l'Académie française Florence Delay demande à l'auteur, Jacques Roubaud, mathématicien et poète membre de l'Oulipo "Traces-tu une frontière entre tes poèmes dits "pour la jeunesse" et le reste de ton œuvre?", il répond: "Non, pas du tout."
 
 
 



Quatre des vingt poèmes illustrés.

 
Pourquoi fêter les libraires? Pour leur travail de sélection et de transmission bien entendu, mais aussi parce qu'être libraire aujourd'hui est un engagement, que défendre la librairie, le livre et la nécessité de lire en est un autre. Les libraires indépendants de Belgique le rappellent:
"Ne l'oublions pas, le livre est un bien de première importance pour l'éducation de nos jeunes et l'émancipation de chacun.
Les librairies sont des lieux de liberté et de diversité, de vie et d’échanges au sein d'une ville/village/quartier.
Les librairies sont des lieux où se partagent la passion du livre et de la lecture. Les libraires conseillent le plus grand nombre et surtout les jeunes.
De nombreuses études montrent les bienfaits multiples de la lecture: diminution du stress, stimulation du cerveau, développement de l'empathie, des connaissances, découverte d'autres cultures, augmentation du vocabulaire... 
Les livres sont des outils pour armer nos jeunes - et moins jeunes - à affronter l'avenir. Malheureusement, plusieurs études (PISA, PEARLS) montrent que le niveau de lecture des élèves en Communauté française est très faible.
Il est urgent de mettre des livres dans les mains de tous!"

Pourquoi soutenir les librairies indépendantes?
  • Parce que, de par son assortiment non captif, le libraire lutte contre la standardisation de la pensée.
  • Parce que, par ses échanges avec les clients individuels, les écoles, bibliothèques et associations, le librairie participe à la vie culturelle et sociale ainsi qu'à l’économie locale tout en préservant l'âme des centres-villes.
  • Parce que la librairie est un lieu où se crée de l'emploi. Un achat dans une librairie physique génère deux fois plus d'emplois qu'un achat sur une plateforme en ligne. Et les impôts liés à cette activité économique sont redirigés vers l'État belge.
  • Parce que la librairie est et reste un commerce de détail à la rentabilité fragile (1,5% environ), un commerce raisonné qui trouve son équilibre financier sans subside. Cette fragilité économique expose les librairies au moindre aléa de conjoncture et nécessite de conforter durablement leur activité grâce à un soutien sur le long terme.

 

Les librairies belges associées à l'événement
classées selon le code postal

Quelques départs par rapport à l'an dernier (lire ici), ce qui ne veut évidemment pas dire que les officines ont fermé, et plusieurs arrivées. Au total, cinquante librairies indépendantes participantes.
  • Tropismes Galerie des Princes, 11 1000 Bruxelles
  • Tulitu Rue de Flandre, 55 1000 Bruxelles
  • Brin d'acier Rue Josaphat 269 1030 Bruxelles
  • La Librairie Européenne Rue de l'Orme 1 1040 Etterbeek
  • Candide Place Brugmann, 1-2 1050 Bruxelles 
  • Les yeux gourmands Avenue Jean Volders, 64A 1060 Bruxelles 
  • Herbes folles Rue St Guidon, 30 1070 Anderlecht
  • Librairie Jaune Rue Léopold 1er, 499 1090 Bruxelles
  • U.O.P.C.  Av. Gustave Demey, 14-16 1160 Bruxelles 
  • La Licorne Chaussée d'Alsemberg, 715 1180 Bruxelles 
  • A Livre Ouvert-Le Rat conteur Rue St Lambert, 116 1200 Bruxelles 
  • Librairie Claudine Courte rue des Fontaines, 74 1300 Wavre
  • La Mazerine Square Marie Pouli, 1A 1310 La Hulpe
  • Twist Rue des Fusillés, 2 1340 Ottignies
  • La DUC Ciaco Grand-Rue 2-14 1348 Louvain-la-Neuve
  • Librairie La Page d'Après Rue des Wallons, 3 1348 LLN
  • Librairie Archibald Rue de la Bruyère 3 1370 Jodoigne
  • Au P'tit Prince Rue de Soignies, 12 1400 Nivelles 
  • Graffiti Chaussée de Bruxelles, 129 1410 Waterloo
  • Le Baobab Rue des Alliés, 3 1420 Braine-l'Alleud
  • Livre aux Trésors Place Xavier Neujean, 27A 4000 Liège
  • Pax Place Cockerill, 4 4000 Liège
  • L'Escale librairie Rue du Laveu, 30 4000 Liège
  • Siloë Rue des Prémontrés, 40 4000 Liège 
  • L'Ours à lunettes Grand Place, 9 4500 Huy
  • Marque Tapage Rue de José, 68 4651 Battice
  • Les Augustins Pont du Chêne, 1 4800 Verviers
  • La Traversée Rue de l'Harmonie, 9 4800 Verviers
  • Cunibert-Daumen Chemin-rue, 49 4960 Malmedy
  • Papyrus Rue Bas de la Place, 16 5000 Namur
  • Point-Virgule Rue Lelièvre, 1 5000 Namur
  • Antigone Place de l'Orneau, 17 5030 Gembloux
  • Graines de vie Rue de Charleroi, 17 5140 Sombreffe
  • La boite à petit lulu Rue de Cheumont 2 5360 Hamois
  • DLivre Rue Grande, 67A 5500 Dinant
  • La Petite librairie Rue du Naimeux, 39 4802 Heusy
  • Molière Bld Tirou, 68 6000 Charleroi
  • Croisy Rue du Sablon, 131 6600 Bastogne
  • La Dédicace Place Nestor Outer, 11 6760 Virton
  • Le Temps de lire Rue du Serpont, 13 6800 Libramont
  • Oxygène Rue St Roch, 26 6840 Neufchâteau
  • Livre'S Avenue de France, 9 6900 Marche 
  • Florilège Rue du Grand Jour, 16 7000 Mons
  • Leto Rue d'Havré, 35 7000 Mons
  • Scientia Rue de la Chaussée, 64-66 7000 Mons
  • Ecrivain Public Rue de Brouckère, 45 7100 La Louvière
  • Librairie de la Reine Grand Place, 9 7130 Binche
  • Quartier Latin Rue Grande, 13 7330  Saint-Ghislain
  • Chantelivre Quai Notre-Dame, 10 7500 Tournai
  • La Procure Rue des Maux, 22 7500 Tournai

 

mardi 23 avril 2024

Quand les albums jeunesse jouent avec le livre

Léopold, libraire idéal. (c) Albin Michel Jeunesse.


En cette Journée mondiale du livre, quatre albums jeunesse à destination des enfants des classes maternelles qui parlent de... livres et de leurs usages, qui en jouent et plaident pour la lecture.

A quoi servent les livres? 😏

L'album le plus aventureux car mêlant divers points de vue tout en étant sensible et drôle, est "Interdit de manger les livres!", de Carlie Sorosiak, illustré par Manu Montoya (traduit de l'anglais par Anne Léonard, Albin Michel Jeunesse, 40 pages). Venu de Grande-Bretagne et premier livre illustré en français d'une auteure de romans jeunesse chez Casterman, il met en scène Léopold, un bouc qui tient une librairie à l'ancienne, aux étagères en bois un peu foutraques. Un lecteur enchanté qui se projette dans les histoires qu'il lit avec appétit. Le boutiquier n'est jamais aussi heureux que quand il conseille à ses lecteurs, humains ou animaux, des livres qui les réjouissent. "Chaque livre allait à son lecteur comme un pull chaud et confortable. Cela rendait Léopold heureux."

Les choses se compliquent lorsqu'un autre bouc passe le pas de la porte et demande "un bon livre". Léopold a à peine choisi un titre pour le visiteur que celui-ci en mange les pages. "Non, les livres ne sont pas faits pour être mangés!" Ah non? Voilà le libraire confronté à un fameux défi, répondre à la question de son nouveau client: "A quoi servent les livres si ce n'est pas à être mangés?" Pour lui, il explore tous ses rayonnages, croit faire les meilleurs choix. Raté, le bouc dévore tous les livres qui lui sont proposés. Sans même les payer.

La solution, touchante, viendra de la femme de Léopold. Elle l'invite à se souvenir du premier livre qu'il n'a pas mangé tellement il l'avait enthousiasmé. "Il [le livre] m'a fait réfléchir et grâce à lui, je me suis senti moins seul." Il retrouve le volume et le propose à son jeune client. Et cela marche. Le jeune bouc est pris par l'histoire, à tel point qu'il en réclame plein d'autres.

La révélation. (c) Albin Michel Jeunesse.

Un agréable plaidoyer pour la lecture et ses pouvoirs réconfortants et une célébration des libraires, qui peut être étendue aux bibliothécaires, Léopold n'ayant pas trop l'air d'un manager. De facture classique, les gouaches de Manu Montoya témoignent d'une belle liberté d'interprétation du texte. Dès 5 ans.
 
 
Livre magique 😃
 
Bigre! L'annonce en titre fait frémir, "Le livre qui peut lire dans ton esprit". Qu'a donc concocté l'Italienne Marianna Coppo en convoquant une Madame Loyale répondant au nom de Lady Rabbit (traduit de l'italien par Christian Demilly, Grasset Jeunesse, 48 pages)? Car c'est bien sur une scène de théâtre joliment ornée et agrémentée de détails amusants que se déroule l'histoire. En deux tons doux, un vert plus appuyé que celui de Ladurée à Paris et un rose un peu passé, le spectacle interpelle directement l'enfant lecteur. Lui glisse qu'il sera question de magie, "Prestigieux lecteur"... Il le chambre avec quelques tours simples avant de passer à son véritable propos, lire dans l'esprit de celui ou celle qui lit! Une double page lui présente le public, soit trente-six spectateurs, tous différents. Il s'agit d'en choisir un en secret, de dire à quelle rangée il est assis, de se rendre à la page indiquée, de le repérer à nouveau après l'entracte, de répondre à la même question et de foncer en page finale. Il se trouve là où le livre l'a indiqué! C'est magique, réussi, addictif et terriblement amusant. Et chapeau à l'artiste pour la mise en scène théâtrale de son propos.

Lady Rabbit chauffe la salle, euh, les lecteurs. (c) Grasset Jeunesse.

Bien sûr, le tour est connu depuis longtemps, depuis le XVe siècle, mais il est drôlement efficace et fonctionne parfaitement dans sa version livresque. Le graphisme très délicat de Marianna Coppo ajoute le plaisir de découvrir ces trente-six personnages plus charmants les uns que les autres, permettant de multiples lectures. Dont celle en flip-book qui fait danser une patate en coin de page, à l'endroit et à l'envers. L'album est encore accompagné d'un thaumatrope, ce jouet optique exploitant la persistance rétinienne.

Tous les spectateurs ont changé de place à l'entracte. (c) Grasset Jeunesse.

A noter que "Le livre qui peut lire dans ton esprit" paraît également aux États-Unis chez Chronicle Books, en Allemagne chez Peter Hammer Verlag, en Espagne (espagnol et catalan) chez Andana editorial, en Italie chez Quintoquarto, en Roumanie chez Editura Frontiera, ainsi qu’en Chine (chinois traditionnel). Magique! 
 

Et aussi

 

La meilleure histoire du soir... et au lit
Louise Fitzgerald et Kate Hindley
traduit de l'anglais par Mathilde Colo
Little Urban, 32 pages
 
Il faut bien un grand format presque carré pour accueillir les pitreries, développées sur doubles pages, de ces cinq enfants animaux au moment du coucher. Bain pris et dents brossées, ours, chien, chat, canard et écureuil attendent que leur soit racontée par un adulte la MEILLEURE histoire du soir. Une histoire qui tient en trois phrases seulement! Lesquelles? C'est bien la question car elle va être précédée de nombreux épisodes perturbateurs: promesses des enfants et des adultes, échauffement de la voix, étirements, gonflage des oreillers, ramassage des doudous, fanfare, verre d'eau, pipi... En dessins extrêmement riches et terriblement amusants, voilà tout le rituel du coucher revisité avec humour jusqu'à la fameuse meilleure histoire en trois phrases qui s'accompagne d'une autre, en trois phrases encore plus courtes. Un album de complicité entre parents et enfants.
 

Qui a volé le sommeil?
Anete Melece
traduit du letton par Emmanuèle Sandron
l'école des loisirs/Pastel, 40 pages

De super efficaces dessins aux feutres de couleurs vives, sans serti noir, conférant une belle énergie à cette histoire de sommeil disparu. Que se passe-t-il? Maman doit travailler dans son bureau. C'est donc Papa qui lit l'histoire du soir à Stella. Mais après neuf histoires dont les scénarios apparaissent en dessins, la petite fille ne dort toujours pas. Et pour cause, le sommeil commandé a bien été livré mais il a été volé. Par qui? Avec doudous et peluches, père et fille mènent l'enquête à travers toutes les pièces de l'habitation. Rien. Nulle part. Mais ils n'ont pas visité la dernière pièce... Un cluedo light réjouissant.

A noter le choix des neuf histoires, drôles comme la paire de bas dansant la samba ou la licorne prétentieuse, plus contemporaine quand il s'agit de philosopher avec les arbres ou de voir une Terre sous canicule.

 

 

 

 




lundi 22 avril 2024

Le décès d'Etienne Delessert, créateur de Yok-Yok

Étienne Delessert.
 
Incroyable! Étienne Delessert a perdu un combat. L'énergique auteur-illustrateur suisse est décédé des suites d'un cancer dans la nuit de dimanche à ce lundi 21 avril à Lakeville (Connecticut). Il avait fêté ses 83 ans début janvier. L'artiste, créateur du célèbre personnage de Yok-Yok, résidait avec son épouse américaine, la graphiste et éditrice Rita Marshall, aux Etats-Unis depuis près de 40 ans (1985). Une incroyable maison où chacun avait son atelier (lui dans le grenier, elle dans le jardin) et où a grandi leur fils Adrien, 36 ans, la prunelle de ses yeux, aujourd'hui ingénieur en informatique.
 
Étienne Delessert, ce sont mille vies en une. Un talent d'artiste inouï qu'il a développé en autodidacte à travers plus de 80 livres, "Yok-Yok" bien entendu mais tant d'autres aussi, sans compter les diverses illustrations, peintures et sculptures. Un plaisir immense de prendre et reprendre ses pinceaux pour des créations magnifiques. Une énergie peu commune entièrement tournée vers l'aboutissement de ses multiples projets, livres, amitiés, amours, enthousiasmes professionnels. Une détermination inébranlable à sauver et à défendre la beauté, la complexité, l'exigence, à pourfendre la mièvrerie.
 
Figure essentielle de la littérature de jeunesse telle qu'on la connaît, Étienne Delessert a séduit les enfants par son œuvre juste, honnête, généreuse, même si peu conventionnelle d'apparence. Avançant en âge, il s'y est même confié, lui, l'homme secret, dans une dimension universelle. Pilier de l'édition jeunesse, il a été un acteur et un témoin de tout ce qui a marqué le genre. Ce n'est pas pour rien qu'il a voulu sauver le site français Ricochet et qu'il y est parvenu (lire ici), créé par Janine Despinette (lire ici). Ce n'est pas pour rien qu'il a créé en 2017 "Les Maîtres de l'imaginaire", réunissant les archives des meilleurs artistes mondiaux de la littérature de jeunesse (lire ici).
 
Étienne Delessert, c'est un auteur-illustrateur que j'ai rencontré "pour de vrai" très tardivement, en 2009, lors de son exposition à Moulins, même si j'avais lu et chroniqué dans "Le Soir" la majorité de ses albums. Il en fut fort surpris et moi j'ai découvert un homme charmant. Pourtant, Étienne Delessert, je l'avais vu souvent, de loin, à la Foire du livre pour enfants de Bologne, dès 1985. Il animait des rencontres à ce qui allait être le Café des illustrateurs. Il accompagnait son épouse Rita Marshall qui y recevait nombre de distinctions, pleinement justifiées. Il régnait sur le stand suisse. Mais il me faisait peur. Trop doué pour que je l'ose l'aborder. Trop précédé d'une réputation de colérique.
 
Une fois le contact établi en France, nous sommes toujours restés en lien. Souvent par Skype, le soir pour moi, bien plus tôt pour lui. Ensuite sur WhatsApp. De quoi nous rattraper. Il m'a raconté tant de choses. Sur lui, ses projets, ses idéaux, ses combats, ses regrets, ses colères aussi. Un de ses derniers souhaits était de créer un cours de lecture des images à destination des adultes. Étienne Delessert était mon ami.

Pour voir une vidéo rétrospective sur lui, créée par son fils Adrien en avril 2021, c'est sur Vimeo (ici).
 
 
Pour lire ce que j'ai écrit sur Étienne Delessert, nouveaux livres et projets, dans ce blog, c'est ici.